vendredi 2 octobre 2015

La bible dévoilée

Tandis que je recherchais des informations archéologiques sur la bible, je suis tombée sur les cours du professeur Israel Finkelstein donnés au collège de France en 2012. Ces cours ont eu un grand retentissement dans le milieu intellectuel. Les cours ont été publiés dans le livre « Le royaume oublié ». Il est vrai que j’ai trouvé ce livre écrit rigoureusement du point de vue de la science archéologique. Je me dois de souligner que j’ai été véritablement captivée par le livre de vulgarisation « La bible dévoilée » co-écrit avec Neil Asher Silberman, un autre archéologue de renom.  Ce bestseller mondial a été publié en livre de poche (folio).

Depuis longtemps, je savais qu’il planait un certain doute sur la véracité de l’exode d’Égypte, la conquête de Canaan.
Il est certainement très profitable de faire un bilan des connaissances archéologiques accumulées sur ce sujet. Les différentes régions du Levant incluant les antiques territoires égyptiens, ceux d’Israël, d’Assyrie et de Mésopotamie. De nous jours les archéologues utilisent des méthodes de datation de plus en plus précises, réalisent des fouilles sur des sites d’importance aussi bien que sur de modestes sites et procèdent à des comparaisons entre les différents sites archéologiques. Ils parviennent ainsi à reconstruire une histoire consistante et cohérente des peuples ayant habités cette région. Cette histoire reconstruite est ensuite comparée aux narrations bibliques.    
Le scénario historique reconstruit apparaît très manifestement incompatible avec l’ancien testament. Ce scénario cohérent nous décrit aux alentours du X siècle avant Jésus Christ, un ancien peuple hébreu aux probables origines de pasteurs nomades du désert de l’est. Ils ressemblent en tout point aux autres peuples cananéens de la région.

Plus précisément au XVème siècle av JC, le pays de Canaan est une province égyptienne, bien contrôlée (bien policée) par des garnisons égyptiennes qui garantissent l’approvisionnement du royaume en divers matériaux absolument nécessaires. La moindre exfiltration d’esclaves fuyant l’Égypte n’aurait en aucun cas pu passer inaperçue. Elle aurait été impitoyablement détruite et cet acte aurait été inévitablement notifié dans les textes égyptiens que la bureaucratie des scribes se serait fait un plaisir de rapporter.

Non, en fait les futurs israélites étaient déjà là, mi-nomades et mi-sédentaires selon les conditions économiques, alternant tour à tour une activité pastorale, installés sur les hauteurs de plateaux à l’est, soit retournant à une vie nomade dans le désert.
Nulle trace d’Abraham, de Moise, de Josué. Le souvenir réel ou mythique de ces illustres ancêtres est transmis de génération en génération par la tradition orale. L’écriture n’existant pas à Canaan à cette époque, il n’y a pas de vérification historique possible.

En contrebas des plateaux de l’est, la plaine est beaucoup plus accueillante pour les autres populations cananéennes. Sous la férule des égyptiens, il ne peut y avoir de conflits militaires entre des peuples modestes et pauvres. Mais un jour vers le XIII, les peuples de la mer déferlent et mettent à mal la domination égyptienne  en brulant toutes les places fortes dans le pays de Canaan. Les terribles peuples de la mer s’installent dans la région la plus hospitalière au bord de la mer méditerranée et deviennent les Philistins.

Le retrait des égyptiens pendant quelques siècles favorise l’essor des peuples cananéens, particulièrement les peuples des hauteurs de l’est qui vont devenir les hébreux. Les tribus les plus au Nord s’installent dans des régions très propices aux cultures. Elles s’enrichissent assez rapidement grâce à la culture de l’olive et aux échanges commerciaux avec les peuples des plaines de l’ouest. Ainsi sera fondé le royaume d’Israël.  Les tribus installées plus au sud héritent d’une terre très ingrate aux cultures. Le développement du peuple du sud est figé car ce dernier vit en quasi-autarcie, refermé sur lui-même sans avoir les moyens de pratiquer les échanges économiques avec ses voisins. Le peuple du Sud va fonder le royaume de Juda (le royaume de Jérusalem). Si l’existence du personnage du roi David est tout à fait plausible, le royaume de Juda ne peut en aucun cas avoir eu la notoriété décrite dans la bible. Les archéologues ne trouvent nulle trace de royaume prospère de David ou de Salomon (IX siècle). Le royaume de Juda est politiquement et démographiquement insignifiant. Jérusalem n’est qu’un petit village.

Au contraire, au VIIle siècle, le royaume d’Israël au Nord atteint un prestige économique, culturel et politique considérable grâce au stimulant commerce de l’olive.
L’histoire des hommes peut basculer en très peu de temps en dépit des pronostiques. Le succès de du royaume du Nord attire la convoitise du royaume assyrien qui l’anéanti totalement et définitivement à la fin du VIII siècle.

Les récits de la Bible vont émerger de cette catastrophe humaine, grâce à l’essor du royaume de Juda impulsé par l’anéantissement d’Israël.

Mais la suite de cette passionnante histoire, je vais la raconter dans mon prochain article.

En attendant, je ne peux m’empêcher de conseiller l’écoute de cet excellent reportage (en anglais malheureusement sur les travaux du professeur Israël Finkelstein) associé au livre « La bible dévoilée ». Il n’existe malheureusement pas de traduction en français (aucun média français n’a jugé opportun de traduire ce très bon reportage).




Bonne écoute si vous le pouvez.
À bientôt.

Emylia

3 commentaires:

  1. Bonjour, pour info, un reportage sur le sujet existe bien en français, et a été produit et diffusé par Arte il y a quelques années... Les auteurs ont fait également pas mal d'émissions sur RCF et de conférences.
    Bonne journée,
    Bob.

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  2. Merci Bob, pour ces infos.
    Thérèse;

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  3. Merci Bob,

    J'ai bien retrouvé le reportage que je viens de mettre sur l'article suivant.
    À bientôt.

    Emylia

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