mercredi 30 avril 2014

La cathédrale de Rouen et la coloration de l’âme

« Il suffit de quelques pas le long des quais, d’un accoudement au pont des Arts, d’un regard franc vers Notre-Dame et l’île Saint-Louis pour attester que Dieu s’en remet à l’homme, génie créateur, pour habiter la vie. Rien de naturel : sans la beauté, Dieu est perdu des yeux. Je t’en supplie : crée !, prie , aime. »
Au diable la tiédeur
Père Zanotti-Sorkine


Maurice Bellet  définit l’art comme étant un moyen par lequel le corps adresse des messages à l’esprit. En effet, il n’est pas toujours facile de se dire, à soi-même ou à autrui ce qui est important ou essentiel. Alors le corps sert de médiateur irremplaçable. Il n’y a qu’à se rendre compte qu’entre humains, les échanges sont parfois difficiles, voir impossibles. L’art doit être compris au sens large, l’écriture, la peinture et la sculpture. Mais aussi les petits arts considérés comme moins nobles, mais qui n’en sont pas moins importants dans la vie, un dessin d’enfant, un admirable petit plat culinaire, un petit coin de jardin bien soigné et j’en passe. L’art est porteur non seulement de nos messages mais aussi de nos sentiments, de nos affects et de nos désirs.
La création est l’une des facultés divines que Dieu accorda à l’homme pour la partager avec lui. Aussi Dieu est présent dans toute création humaine artistique, c’est à dire une création qui se veut esthétique, dans le but de faire plaisir ou de relation d’âme à âme, gratuite et désintéressée.
Je n’inclus pas dans cette création artistique les productions utilitaristes et commerciales qui ont selon moi, un autre rôle pratique de nature économique qui sert à la cohésion de nos sociétés.
Au ce début de texte, je voulais raccrocher ce concept d’art à ces tableaux de la façade de la « cathédrale de Rouen », peinte trente fois à différents moments de la journée par peintre impressionniste Claude Monet  du XIX siècle : au lever du jour, en milieu de journée, en soirée, selon des temps très différents maussades ou ensoleillés.
À l’image de l’âme du peintre qui voit le même objet avec des perceptions légèrement différentes, ces différents tableaux me font penser à nos états d’âme qui prennent une teinte différente selon les différents contextes de vie, selon nos impressions de joie, de tristesse, de mélancolie ou de stress qui nous habitent.

Et lorsque nous lisons et relisons les Saintes Écritures, ces dernières nous adressent des messages personnalisés dont notre perception se module selon la coloration momentanée de notre âme. Aussi, nous n’avons jamais épuisé le sens de ces textes sacrés qui ont toujours quelque chose de nouveau à nous enseigner, selon l’éclairage de notre âme.

Emylia


La cathédrale de Rouen, Claude Monet

samedi 26 avril 2014

Tour de Babel


Les hommes renonçant à se comprendre, après l'insuccès de la tour de Babel,
construisirent chacun la leur et y vécurent.
Tous leurs descendants ont fait comme eux.
Et chacun de nous ignore donc, au fond, le langage de ses semblables.
Augusta Amiel-Lapeyre (Pensées sauvages, 1930)
 


La civilisation dont nous sommes tous peu ou prou les ouvriers
est comparable à la Tour de Babel.
Si nous l'édifions avec tant de peine, c'est que nous ne nous entendons pas.
Edmond Thiaudière (La Proie du Néant, 1886)
 
Assez indifférente dans le passé à la période de Pâques, voici que maintenant je suis très intriguée par sa signification. Notre Pâques est la superposition de la fête hébraïque qui correspond à la célébration de l’exode dont j’ai déjà souligné l’importance dans mon article précédent et d’un événement chrétien exceptionnel sur lequel je vais revenir plus longuement. Ce n’est pas parce que je me déclare chrétienne que je vais renier tout l’héritage hébraïque. La religion chrétienne n’a aucun sens si elle ne peut se référer au judaïsme sur lequel elle a pu établir ses propres fondements. Mais comme je ne cesse de l’affirmer, ces événements religieux ne peuvent avoir un rapport avec nos vies que s’ils sont le relais d’une expérience vécue d’être humain bien ordinaire. Je reviens encore sur l’exode. Notre vie est une succession d’exodes extérieurs et intérieurs. Combien de fois ne sommes nous pas obligés de quitter un lieu, un travail, une cellule familiale pour vivre dans un nouveau milieu inconnu, imprévisible sans avoir la garantie que la nouvelle expérience va bien se dérouler ? L’exode est une forte exigence de changement qui s’impose à nous contre notre besoin de sécurité. La signification de la Pâques chrétienne est encore plus déstabilisante car elle est l’emblème d’un dérapage inéluctable et programmé qui conduit à l’anéantissement. Cependant l’incroyable et l’inconcevable, c’est que de l’anéantissement puisse surgir un renouveau, une renaissance, et pour Jésus-Christ, une résurrection. Dans ce sens la Pâques chrétienne est encore bien plus forte que la Pâques hébraïque, car elle représente l’exode de la vie qui n’est autre que la mort. Mais cette mort est un passage obligé vers une nouvelle vie inattendue, totalement différente, victorieuse et libérée des ténèbres. Comment y croire sans l’avoir expérimenté ?
On peut y croire intellectuellement en admettant avec la raison que les lois naturelles de l’univers connu et visible puissent s’interrompent brièvement pour laisser entrevoir mystérieusement, au travers d’une ouverture de l’esprit une exceptionnelle manifestation de l’univers invisible. Cette croyance est un choix délibéré, une adhésion, un saut volontaire dans la foi, une foi de type 1 (Pascal avec son pari, Kierkegaard et son saut).
L’autre configuration, c’est de vivre une déréliction dans sa vie personnelle, un sentiment d’abandon complet, de croire un moment que tout est fini, que la route s’achève brutalement et qu’on se réveille dans une nouvelle vie, avec la mémoire de l’ancienne vie.  Quel genre de personne devient-t’on dans le second cas ? Peut-on survivre sans foi ? À quel genre de foi, (de type 2 dans ce cas) adhère t’on pour surmonter ? (St Lazare, St Paul, St François d’Assise, Ste Thérèse de l’E. J ?)
J’ai l’impression qu’il y a différents types de fois, de type 0 (ouvert et non défini ici), de type 1, 2 ou bien peut être d’autres formes auxquelles je ne pense même pas. Peut être bien que parfois certaines formes se mélangent entre elles. Et toutes ces perceptions divergentes de la foi rendent excessivement confus nos échanges sur ce sujet, comme si notre parole était irrémédiablement babélisée. C’est une affaire personnelle qui ne concerne que Dieu et soi-même.
Quel serait donc l’intérêt ou même la possibilité d’en parler entre nous ?

Emylia

mercredi 23 avril 2014

Lendemain de Pâques


Le lendemain de Pâques a le gout de l’exode. Mais cette fois ci, ce n’est plus un exode de tristesse dans le désespoir de la servitude au monde païen. Cet exode s’offre dans la liberté vertigineuse de faire advenir le royaume sur terre pour mieux tendre vers cette Jérusalem céleste promise. Maintenant Dieu se donne comme le Père universel de tous ceux qui veulent devenir ses fils et que l’on appelle les chrétiens. J’aime bien le nom que l’on donne à ces païens qui sont sur le point de se convertir dans la nouvelle religion : ils s’appellent « les gentils ». Ainsi j’étais une « gentille » et puis je suis redevenue chrétienne. L’ère de l’élection divine mais restreinte du petit peuple d’Israël est terminée. La Jérusalem terrestre c’est fini. C’est la terre entière qui s’offre à la nouvelle religion naissante. Qu’est ce que ce lendemain de Pâques implique pour nous les chrétiens du monde ? Notre exode consiste à sortir de notre petit confort personnel de « vieil homme » aigri ou désillusionné, pour aller sur de nouveaux chemins, pour se retrousser les manches et participer à l’édification de ce royaume divin, de cette Jérusalem céleste. Plus on agira, plus on se revêtira du nouvel homme, plus on rajeunira dans l’âme. Notre cœur va peu à peu s’attendrir. Nous allons mettre du vin nouveau dans de nouvelles outres. Cela fait 2000 ans que génération après génération nous y travaillons collectivement et individuellement. Au cours de tout ce temps l’Esprit Saint a toujours pu garder allumée la flamme de la foi, de l’espérance et de l’amour dans l’âme de certains d’entre nous et a pu sauver toute l’humanité de ses vieux démons de l’autodestruction, bien que nous ayons frôlé ou traversé la catastrophe humaine à plusieurs reprises. Le vieux monde qui est encore très jeune va mal. La pauvreté et la souffrance ne sont toujours pas éradiquées. L’argent et la puissance des diverses formes de pouvoirs plus que jamais écrasent de tout leur poids l’amour qui cherche à subsister. L’Église a reçu le don d’un pape exceptionnel qui incarne dans ses actes et ses sincères paroles Jésus Christ sur terre. Je sens bien que je me dois de lui donner un coup de main : penser comme si Dieu existe et agir comme s’il n’existe pas. Je participe déjà à la survie de ma chorale de messe. Je réfléchis à une forme plus active de participation avec le peuple des croyants, habités par la foi chrétienne.

Emylia

samedi 19 avril 2014

Explosion de vie


Dans quelques heures, ça va être la résurrection. La vérité de la victoire de l’amour sur les ténèbres va être établie. Moi aussi, cela fait longtemps que je suis partie sur ce chemin d'Emmaüs. Je me suis faite abordée par un inconnu. Je n’ai même pas levé les yeux. Je n’ai pas osé le dévisager. J’étais trop perdue dans mes pensées et enfoncée au cœur de mes problèmes. J’ai seulement écouté sa voix. Par la mémoire, j’ai parcouru le chemin de mon histoire à l’envers pour en rechercher la vérité. J’ai repassé en souvenir une à une toutes les épreuves et les joies de ma vie sans m’y arrêter. Il y a un grand attracteur étrange qui m’a mené au point d’orgue de toute mon histoire. J’ai toujours su qu’il y avait quelque-chose au début de mon grand tohu-bohu, qui précède ma naissance. Lytta Basset m’a aidée à l’admettre grâce à son dernier livre. Je ne pourrai jamais le prouver et je ne peux que soupçonner sa réalité. Il y a forcément un secret de famille que j’ignore mais que je devine. Il y a un ou plusieurs enfants morts en bas âge, et un amour maternel terrorisé par une angoisse de mort qui se transmet de mère à enfant. Et cette angoisse de mort m’a terrorisée tyranniquement pendant plus de quatre décennies. Elle m’a paralysée et muselée. Pendant tout ce temps, je n’ai pas pu sortir de mon tohu-bohu. Je me suis murée pendant tout ce temps dans le silence, je n’ai pas osé vivre de peur d’éveiller l’attention de la mort. Je suis donc demeurée sans pouvoir le comprendre dans une extrême timidité, d’une timidité mortifère, dans l’incapacité de communiquer avec autrui par oral ou par écrit. Les relations humaines étaient gravement atteintes. Je ne sais même pas comment j’ai pu faire mes études, rencontrer mon époux, et fonder une famille. Ce que je sais, c’est que cette angoisse de mort, je l’ai transmise inconsciemment à l’un de mes enfants, alors que l’autre imperturbablement toujours gai, a refusé l’emprise de cette tyrannie de la peur de la mort. Ce que je sais, c’est que quand la grande faucheuse a voulu m’emporter, l’amour des miens m’a retenue de toutes ses forces à mon petit bout de terre. C’est seulement à ce moment là que j’ai commencé à enquêter sur toi, le porteur d’amour. Qui es tu ? D’où viens tu ? Quelle est ton histoire ? J’ai tout voulu savoir sur toi parce que j’avais l’intime conviction que ma vie était à ce prix, complètement liée à ta vérité. Tu m’as parlé au travers des livres. Tu m’a donné ta parole de vie qui a travaillé en profondeur ma glaise. En échange  de mon désir de vie, tu m’as accordé la foi. Tu m’as libérée de mon asservissement à la peur. Tu as retourné ma vie à l’envers pour m’en révéler le meilleur. Alors j’ai explosée de vie. J’ai retrouvé une parole que je n’avais jamais eue et je m’en suis servie. Je vais à ta recherche dans mon écriture puisque c’est comme cela que je t’entends. Aujourd’hui j’ai compris l’erreur de mon passé. Mon silence et ma discrétion n’avaient rien à voir avec l’humilité, mais avec la peur de la relation et la peur de vivre. Pour conjurer toutes les formes de tyrannies, je me suis plongée éperdument dans l’étude de ce qui donne la vie que certains prennent par erreur pour de l’érudition. Il s’agit en fait d’ouvrir grand ce chemin d’humanité qui me conduit à toi, le chemin de vérité et de vie. Et mon combat pour déjouer toutes ces forces mortifères qui m’entourent, je l’ai retrouvé avec fascination dans les témoignages de Guy Coq et de Lytta Basset ainsi que dans tous les livres de Maurice Bellet. Ce sont les mêmes histoires que je retrouve dans La Bible et les Évangiles avec un style un peu moins contemporain mais à peine différent. J’ai découvert que cette parole thérapeutique que tu m’accordes et que je reçois ne s’arrête pas à ma personne. Elle me traverse de part en part et répare des effets néfastes du malheur ailleurs. Mon fils lui aussi sort peu à peu de son mutisme et devient capable de relations humaines. La bonne nouvelle est que cette parole de vie est contagieuse. J’ai encore pris du temps pour naitre au monde, pas moins de six ans déjà après toutes ces décennies d’attente passive. Entre temps, la peur et l’angoisse de mort se sont dissipées comme par miracle. Vous me trouverez peut être parfois un peu trop impertinente devant le malin quand il fait un peu trop de comédie, toujours la même. Vous m’excuserez, mais je ne peux plus m’empêcher de parler maintenant, puisque parler et connaître, pour moi, c’est affirmer plus que jamais que je suis en vie. J’ai fini par mettre de l’ordre et du sens dans mon histoire chaotique. Je crois être sortie de mon tohu-bohu. Comme Job, j’ai lâché l’obstination à tout vouloir comprendre et expliquer, j’ai renoncé à l’arbre de la connaissance du bien et du mal, mais pas à l’arbre de la connaissance de la vie. Jamais je ne percerai le secret de mes origines, car seul compte le fait de s’en être sortie vivante. Sur ma route, j’ai fini par te reconnaître. C’est toi qui a fait tout cela. Jamais je ne m’en serais sortie toute seule. Alors comme beaucoup d’entre nous, je vais pouvoir témoigner à Pâques que je crois à ta résurrection puisque je t’ai déjà rencontrée sur ma route d'Emmaüs.

Emylia

mercredi 16 avril 2014

Chemin de vérité

Il arrive un jour où le sommeil ne trouve plus son repos « gethsémanique ». Le sujet entre dans une veille inquiète sans savoir quel est l’objet de cette attente. Il recherche quoi ? Il recherche inlassablement sa vérité sans le savoir ? Il ne le sait pas encore, mais en fait il recherche sa raison ultime de son désir de vivre.
Autant d’êtres humains, autant de vérités différentes, alors à quoi bon se donner tant de mal pour pas grand-chose ? Pourtant, il pressent qu’à la base, il s’agit d’une question de vie ou de mort. Dans l’Évangile, la vie de chaque brebis compte sans exception. Chacune dans son coin, se débat seule pour s’extirper de son tohu-bohu mortifère. Un choix essentiel s’offre, soit rester dans le bruit assourdissant du Monde en essayant de s’y adapter et d’en saisir les opportunités, de parer aux mieux les difficultés, soit essayer de faire le silence en soi, pour entendre, écouter on ne sait quoi, quelle parole libératrice.

Admettons qu’une voix inaugurale surgisse de l’abîme et arrive à se faire entendre. Il reste encore la possibilité de s’en effrayer ou d’attendre passivement et indéfiniment une confirmation. L’autre attitude plus active et téméraire consiste à prendre des risques inconsidérés pour retrouver cette voix imaginaire ou illusoire. Être prêt à traverser des déserts torrides, marcher longuement en s’épuisant sans la moindre assurance de parvenir en quelque lieu sûr. Ce chemin est la voie de l’expérience, de l’apprentissage et de la connaissance accumulée péniblement avec des échecs inévitables. Il reste encore cet immense travail d’ordonner cette accumulation hétéroclite pour lui trouver un sens qui se dévoile peu à peu sous l’action du logos, de l’Esprit mystérieux. Certains se méprendront sur le sens de cette voie en croyant que l’érudition étalée aux yeux du monde y mène ; l’autre erreur consiste à se maintenir dans l’ignorance sans effort de recherche, en s’imaginant qu’on parvient au but par des moyens plus faciles. Mais qui a dit que l’Évangile, ce chemin d’humanité était facile à parcourir ? Jésus n’a rien prétendu de tel ! Ce chemin s’arpente jusqu’à la confluence des sentiers de la psychologie, de la psychanalyse et de la spiritualité qui conduisent à la vérité personnelle dérangeante de chacun ? Mais pas seulement ! Il est difficile d’expliquer à quel point, des bienfaits ont émergé du tohu-bohu informe, la solitude s’est dissipée, la relation d’amour oblatif est apparue, auréolée de joie et d’espérance, et même si le mal-malheur rode encore, son pouvoir terrifiant est largement diminué. Ce sont les effets indiscutables de la foi qui se manifestent.

Emylia

samedi 12 avril 2014

Deviens-ce que tu es !

« Deviens-ce que tu es ! » est une étrange citation souvent utilisée par de nombreux auteurs dont  Épicure, Socrate, Kant, Pascal et Nietzche. Elle m’a toujours interpelée car elle prétend laisser à entendre que l’on n’est pas soi et que l’on doit découvrir qui l’on est.
Paradoxalement, il peut sembler que tout le travail de l’éducation consiste précisément à se transformer pour devenir une autre personne meilleure que celle que nous sommes initialement. Tout nous appelle à changer notre nature sauvage et ignorante en une nature qui a appris à se connaître, à s’améliorer et parfois à atteindre une certaine perfection.
Cette maxime « Deviens-ce que tu es »  a été inventée par le poète lyrique grec Pindare qui vivait il y a 2.500 ans. Dans la phrase complète elle s’exprime ainsi :
« Deviens-ce que tu es, quand tu l’auras appris. »
Donc effectivement, nous ne serions pas vraiment la personne que l’on croit être et que l’on doit fournir un travail personnel, que nous devons apprendre pour nous découvrir, pour retrouver notre identité intérieure.
Comment pourrions nous ne pas être ce que nous sommes ?
Plongés dans notre milieu familial, social ou professionnel, nous avons fini par adopter les comportements sociaux moyens par mimétisme, comme un caméléon pour ne pas trop attirer l’attention, pour se conformer à la norme, pour se préserver des contre-réactions agressives, pour ne pas s’exposer à des exclusions. Voulant sincèrement adhérer à cette communauté humaine, nous avons oublié peu à peu ce que nous désirions être. Mais comment apprendre à redevenir qui nous sommes ? Selon l’éclairage chrétien, c’est notre maitre Jésus Christ qui nous révèle notre nature profonde lors d’une rencontre spirituelle décisive. Donc cet apprentissage de soi ne doit pas être pris dans le sens éducatif, mais dans le sens chrétien de la révélation.
Cette citation me fait penser à l’épisode de Zachée dans l’Évangile de Saint Luc qu’interprète Lytta Basset dans sa conférence sur « Oser la bienveillance » : Zachée est juché sur son arbre, bien décidé et ouvert à toute nouveauté qui se dresserait sur son chemin de vie. Il pressent en lui-même intuitivement que cette nouveauté ne peut émaner que de Jésus. 
Jésus révèle au pécheur Zachée que son être intérieur est fondamentalement bon. Ce fut la délivrance que Zachée attendait depuis toujours. Il était enfin prêt à écouter la révélation de son désir le plus profond. À Zachée ensuite de prendre acte de cette révélation pour retrouver son Être librement en renonçant avec volonté et courage aux fatalités qui l’éloignent de sa vérité.

Emylia