mardi 31 décembre 2013

Bonne année 2014

Colombe de Magritte
Quelle surprise inattendue, la libération du Père Georges ! Moi qui avais préparé un article mitigé sur la nouvelle année, j’ai eu le plaisir de l’envoyer au panier pour réécrire un nouveau message beaucoup plus enthousiaste. Car cette fois ci c’est la joie qui m’étreint. Aussi, mes chers amis de ce blog, je voudrais vous inviter à partager ma joie pour cette nouvelle qui constitue une excellente augure pour la prochaine année. Nous ne sommes pas seuls. Toute une communauté chrétienne, de la base au sommet, semble s’être libérée du poids de la tristesse et de la résignation. Voici le signe que « c’est le moment charnière où chacun devrait choisir sa manière d’être Chrétien et de cesser de l’être vaguement ».

Mais dans ma pensée, il n’y a pas que les chrétiens et les croyants. J’ai une première pensée de reconnaissance à l’égard de toutes les personnes sans lesquelles je ne serais pas aujourd’hui celle que je suis devenue. Cela fait vraiment beaucoup de monde dans ma mémoire.
Il y a d’abord tous ceux qui ont quitté ce monde. Où sont ils maintenant ? Que leur importe la nouvelle année. Ils sont hors du visible et hors du temps. Que l’âme de ceux qui m’ont procuré beaucoup de bien de leur vivant me garde avec tous mes proches dans leur bienveillance.
Ensuite, il y a les vivants qui sont heureusement nombreux. D’abord mon tendre époux et mes enfants chéris sans lesquels je n’aurai pas trouvé la force de rester dans ce monde. Il y a le reste de ma famille avec la vie qui parfois nous éloigne peu à peu chaque jour inexorablement.
Il y a toutes ces personnes qui dans un passé récent m’ont apporté une aide décisive. Même si j’ai perdu de vue certaines d’entre elles, j’ai forcément une pensée pour elles.
Je me rappelle de Thierry B qui cette année a arrêté son blog après six ans de service assidu et dont je tente de reprendre difficilement le flambeau avec ce blog : « Que Dieu le bénisse ! ».
Et il y a vous, mes chers amis lecteurs intervenants ou silencieux sur ce blog. Je vous présente tous mes vœux de bonheur spirituel pour vous et les personnes que vous aimez.
Je pense aussi à toutes les personnes de mon milieu professionnel et associatif qui font partie de mon univers relationnel presque quotidien.
Je ne peux m’empêcher d’évoquer aussi toutes les personnes auxquelles je me suis opposée vigoureusement en raison d’un désaccord éthique viscéral. Au moins, je leur dois d’avoir contribué à l’affermissement de mes convictions profondes.
Avec le privilège d’être au cœur de ce nœud de relations si dense et si divers, je souhaite à tous une très belle année 2014 avec l’espérance et tout le plaisir pour moi de vous retrouver prochainement d’une manière ou d’une autre.

Emylia


Pour illustrer la capacité de renouveau que nous pouvons tous vivre, je vous laisse en compagnie de ce merveilleux chant "Urlicht" (lumière originelle de la symphonie «Résurrection» de Gustave Mahler, divinement interprété par Janet Baker.


Libération du Père Georges


samedi 28 décembre 2013

Résistances

Cathédrale Saint-Gatien
de Tours
Il est curieux que ce titre "Résistance" me vienne à l'esprit en pleines festivités de fin d'année. Peut être est-ce par ce que en cette fin d’année, le prêtre de notre paroisse nous exhorte de sourire et d’éprouver la joie et du bonheur. Et pourtant nous voilà plongés depuis des années dans une interminable crise économique qui nous atteint parfois nous-même, nos proches en tout cas très certainement nos prochains, en les menaçant de précarité. De plus, nous sommes peut-être confrontés à de rudes épreuves telles que la maladie grave ou la mort. Sans oublier cette omniprésence insupportable du cynisme généralisé qui plombe le moral (et la morale).
Alors pourquoi rester optimiste envers et contre tous, décréter l’espérance en dépit de la réalité vécue par une majorité de personnes ?
Et bien parce que nous ne sommes plus véritablement en temps de paix mais en temps confrontations. Si il y a une guerre, elle ne se produit pas entre deux armées fortement aguerries, bien identifiables et opposables. Mais il s’agit plutôt d’une guerre diffuse et sournoise, d’exclusion contre les pauvres, contre les gens simples, humbles ou différents, contre les personnes refusant les consignes d’une mondialisation uniformatrice forcenée, contre tous ceux qui ne veulent ni ne peuvent s’adapter à l’air du temps.
Comme l’acceptation de l’injustice ne saurait être ni tolérable ni négociable, que la liberté du choix du mode de vie de chacun doit être respecté, alors il faut rentrer en résistance.
Je repense à Jésus qui ne supportait pas la marchandisation de la religion par les Saducéens, l’hypocrisie des Pharisiens qui entendaient dicter à tous, le comportement extérieur artificiel qu’ils jugeaient convenable. Jésus enseignait avec insistance que la seule attitude religieuse valable reposait avant tout sur une disposition essentiellement intérieure d’amour et de bienveillance pour son prochain. Cette attitude devait être complétée par des actes en cohérence avec la disposition intérieure. On sait ce que l’intransigeance de Jésus sur ces questions face aux puissances de son époque lui a couté.
De nos jours, le pape François ne mâche pas ses mots en signifiant haut et fort au Monde ses graves dysfonctionnements. N’ayons plus peur ! Arrêtons nous de nous taire et aidons le pape à accomplir sa mission de restaurer l’espérance pour tous les exclus de ce Monde.
Nos seules armes sont la Parole, la Joie, l’Espérance et l’Amour combinées à la patience indéfectible. À nous de jouer pour devenir des Chrétiens véritablement engagés. Nous montrerons aux puissants que nous sommes nombreux à revendiquer l’Esprit des Évangiles contre les tendances mortifères à l’égoïsme et l’individualisme. Les murailles de Jéricho peuvent finir par s’effondrer. Nous ne sommes pas seuls à l’œuvre. Il suffit d’y croire et d’avoir la Foi.
Je vous souhaite une excellente année 2014 de résistance positive, d’espérance et d’amour bienveillant.
Pour nous y aider, je poste sur ce blog l'un des chants de musique sacré que j'ai découvert qui m'a enthousiasmé cette année passée (voir la page sur les morceaux choisis).





mardi 24 décembre 2013

Nativité




Pendant longtemps j’ai considéré cette fête du Noël chrétien comme un peu dépassée, simpliste et commune : « Pourquoi s’émerveiller devant un petit nouveau-né, entouré de ses parents, encadré par quelques animaux de ferme dans une étable rudimentaire ? ».
Ce n’est qu’en ayant compris la portée de cette humble scène que ma perception en a été bouleversée. Quel Dieu ose assumer la condition humaine avec toutes les étapes de la vie, de la naissance jusqu’à la mort, ne s’épargnant ni les épreuves ni les souffrances. Il faut l’aimer cet homme pour en accepter toutes les humiliations afin de pouvoir racheter ce qui mérite d’être sauvé.
En effet, nous sommes bien trop faibles de chair pour être capable d‘accomplir seul la Loi divine. Alors plutôt que de perdre toute l’humanité, Dieu lui donne son fils. Le verbe se fait chair. Grâce à cette incarnation, pour certains d’entre-nous qui seront suffisamment attentifs et ouverts, nos yeux vont s’ouvrir et voir la lumière, nos oreilles vont entendre la parole, nos pieds et jambes nous faire marcher droit sur le chemin de la justice et de la vérité.
Mais revenons à Noël. Cette journée mémorable est une invitation à l’humilité et aussi à la reconnaissance de la présence. Et je ne peux m’empêcher de penser que de la fragilité va survenir une puissance non-violente d’amour qui traverse les siècles et les millénaires pour m’atteindre jusqu’à ma petite vie. Ce jésus qui semble si lointain historiquement m’interpelle aujourd’hui dans ma propre vie pour que je le suive. Il s’instaure une vraie relation interpersonnelle par la prière. Aujourd’hui je ne parle plus d’un personnage nommé Jésus mais je m’adresse directement à sa personne en lui dévoilant sans crainte mon intimité spirituelle. Alors Noël n’est plus une commémoration mais devient une réalité de ma vie présente.


Emylia

samedi 21 décembre 2013

Attentifs en communion

Je ne sais pas pourquoi, cette année, je n’arrive pas à me plonger dans l’atmosphère de Noël. En effet, c’est souvent en fin de l’année que l’on prépare et programme l’année suivante avec le budget escompté et les activités à réaliser. On fait aussi parfois le bilan de l’année qui s’achève. En planifiant, on tente de se protéger de l’inattendu, de ce qui pourrait bouleverser le cours prévu des choses. On prend des assurances contre ce qui est imprévisible. On tente de pérenniser le quotidien, garder immuablement la même trajectoire, lancé dans la même inertie. 
Ce faisant, on escamote Noël, c’est à dire l’idée qu’un changement pourrait infléchir la trajectoire programmée d’avance, voire même remettre en cause l’ordre établi. 
Pour être attentif à cette potentialité de changement, il faut ralentir, ne plus se plonger éperdument dans le futur et vivre pleinement l’instant présent : « Carpe Diem ».
Il me semble que c’est cela le sens de Noël de nos jours. Un événement qui semble anodin et qui peut passer pour inaperçu porte en lui le germe d’une transformation radicale qui marque pour toujours le futur. Au delà du vacarme sociétal sur l’orgie de consommations et de divertissements de la fin de l’année,  combien sont-ils  à  penser à la véritable signification de l’origine de Noël ?
Qui pourrait soupçonner qu’un frêle nouveau-né « SDF », né dans la précarité d’une étable, dans l’indifférence générale, pourrait potentiellement fragiliser la démonstration de force des pouvoirs et puissances établis et régnants du moment.
L’inconcevable s’est bien produit en Palestine, il y a plus de 2000 ans. Dieu s’est incarné en l’homme ! Après une trentaine d’années de silence, de maturation spirituelle, il s’adresse à l’humanité présente et à venir en lui apportant l’espoir d’une vérité et d’un chemin de vie pour tous. Cette espérance a changé irréversiblement le cours de l’histoire de l’humanité.
Alors dans ces prochains jours, soyez attentifs en communion et guettez si  ce Noël ne va pas induire un bouleversement radical dans votre propre vie. Soyons prêts pour accepter l’imprévu dans notre vie.

N’avons nous pas déjà eu en 2013, contre toute attente, un pape exceptionnel qui semble vouloir restaurer l’esprit des évangiles dans l’Église et dans le corps du Christ.

Emylia

samedi 14 décembre 2013

Le royaume

Je me souviens d’avoir lu à plusieurs reprise dans les Évangiles : « Le royaume de Dieu est tout proche, soyez vigilants ! ». L’espoir d’une libération en souvenir lancinant de la sortie de l’esclavage en Égypte était alors immense dans ce petit pays juif soumis à l’impérialisme romain païen triomphant. On connaît la suite : Jésus est à peine arrivé dans la grande Jérusalem, qu’il est trahi par l’un des siens pour une poignée d’argent, arrêté, accusé odieusement en toute injustice, torturé puis exécuté de manière infâmante. Pour tous les proches et disciples de Jésus, ce fut alors la désespérance, la croix définitive sur la possibilité de l’établissement d’un Royaume divin sur note terre tellement médiocre. Puis il y eut cet événement mystérieux et incroyable de la pentecôte au cours duquel l’Esprit-Saint est accordé aux apôtres et disciples. Alors on y croit de nouveau. Dans les actes des apôtres, peut-être pour la première fois de l’humanité, il y a mise en commun des biens. De nombreux chrétiens acceptent le martyre pour la juste cause. Le royaume est proche, il va advenir, c’est sûr. La suite ? L’empire bascule dans le christianisme mais le royaume n’est toujours pas établi. Ensuite l’empire romain chrétien s’effondre, laissant place à de longs siècles d’invasions barbares. Pour couronner le tout, il y a la prise de Jérusalem à la fin du 1er millénaire. On croit que la renaissance avec sa foi en l’homme va nous amener les lumières. On aboutit aux révolutions et à la naissance des démocraties, aux espoirs de liberté menacés d’utopies. C’est déjà un début de royaume, mais il y a encore beaucoup de progrès à faire. Le XXème siècle, avec les deux guerres mondiales et les génocides, c’est plutôt l’anti-royaume. Le XXI siècle ne semble pas meilleur que le XXème avec sa mondialisation complaisante avec l’argent roi qui circule librement sans lois et ni contrôle, avec les marchandises qui sont transportées tout autour de la planète et qui ne sont distribuées qu’aux riches. Cependant les êtres humains sont allègrement espionnés, traqués allègrement dans leur vie publique comme dans leur vie privée, barrés dans leur velléité de circuler librement sur la planète. On croit même distinguer un peu partout des résurgences de formes indignes de l’esclavage. Si le monde n’a pas peur de l’argent, par contre il n’a pas confiance en l’homme. De toute façon l’être humain est considéré comme un vulgaire moyen et non plus une finalité. Alors le royaume sur terre n’est toujours pas pour demain !
Pourtant, à toutes les époques, il y a toujours eu des croyants et une église, des hommes et femmes de bonne volonté et d’une grande rigueur morale, porteurs d’altruisme, d’amour, de sainteté ou simplement de foi. Ces gens là ont toujours su que le royaume n’était pas pour ce monde extérieur mais que le royaume était pour la vie intérieure. Ce royaume n’est pas pour un au-delà, après la vie terrestre, comme un paradis promis ou attendu, mais bien pour cette vie présente. Pour cette raison, on ne peut pas se permettre de perdre le temps de la tergiversation athée ou agnostique (il faut garder la lampe allumée). Ils ont compris qu’ils devaient construire la Jérusalem céleste en eux-même. Le royaume ne se conquiert pas, ne s’établit pas par décret, et ne se possède pas. Tout notre être, notre existence peut devenir le royaume intérieur avec la foi. Le royaume est toujours aussi proche de nous qu’à l’époque de Jésus puisqu’il est potentiellement à l’intérieur de nous (et que le plus souvent nous sommes absents à nous-même). Cependant son accès est difficile et exigeant. Il ne tient pourtant qu’à nous-même de le faire advenir ou de prier pour son avènement.

Si le royaume existe en de rares lieux terrestres comme dans les monastères préservés des influences extérieures néfastes, c’est parce que chacun des membres a établit au préalable ce même royaume en son propre cœur.

samedi 7 décembre 2013

Voyages

Voilà bientôt cinq ans que je me nourris de nombreuses lectures et deux ans que j’écris très régulièrement sur ce qui me fait vivre. De temps en temps, il m’arrive de devoir voyager assez loin de mon domicile pour des raisons professionnelles. Le choix de mes lectures à emporter pour mes voyages est primordial. La plupart du temps, je me suis réservé un petit stock de livres que je crois captivants et que je vais pouvoir lire de façon continue et assidue dans l’avion ou bien le soir à l’hôtel. J’ai le souvenir des lectures passées qui ont été déterminantes dans l’accompagnement de mon évolution spirituelle dans ces occasions comme « Apprendre à vivre » de Luc Ferry en 2009, « Jésus de Nazareth » de Joseph Ratzinger en 2010, ou bien « Translation » ma première de découverte de Maurice Bellet en 2011,…
Le point, c’est qu’il ne faut pas que je me trompe sur la nature des écrits que j’emporte. Ils doivent être en phase avec ma maturité spirituelle du moment sinon ce serait un fiasco et une perte de temps. Si dans le passé, je lisais sur « des idées et des concepts philosophiques », sur « des histoires humaines », maintenant ce genre de lecture m’ennuie rapidement. J’ai beaucoup plus besoin de lectures sur la foi et sur l’expérience de la vie spirituelle. Ainsi cette fois-ci j’emmène le livre de Maurice Zundel à terminer « Quel homme et quel Dieu ? ». Ce livre correspond bien à mon aspiration du moment. Mais je m’inquiète : « Quel autre livre pourrais-je bien lire si je le termine ? ». Jusqu’à présent, j’ai toujours compté sur l’Esprit-Saint pour me suggérer les lectures qui me convenaient. Et l’Esprit-Saint s’est rarement trompé. Peut-être devrais-je maintenant me tourner vers des livres de poésies ou de prières comme le dernier livre de Michael Lonsdale : « Et ma bouche dira ta louange ».  

Je me demande si la prochaine étape ne serait pas le silence. Non pas le silence extérieur qui permet la concentration. Mais le silence intérieur qui accepte et se satisfait de l’absence de parole. Ne rien penser. Seulement écouter son cœur. C’est aussi une expérience d’humilité, de pauvreté, de libération et de désappropriation de son moi encombrant.