dimanche 27 octobre 2013

Témoignage de Florence


Bonjour à tous,

Ne parvenant pas à publier un commentaire de plus de 4096 caractères sur blogger, je poste le témoignage de Florence en réaction à mon article "Confessions".
Je vous souhaite une très bonne lecture.
Emylia


Chère Emylia,
Dans la difficulté décrire via votre blog, je vais essayer de vous parler de ma conversion via votre mail.

Jai été élevée dans la religion catholique, jai « pratiqué » jusquà mon mariage, et puis sans raison, sans savoir pourquoi jai cessé toute pratique religieuse, mon époux ayant le même parcours de pratique religieuse que moi ma suivie. Je suis donc totalement responsable de son éloignement de lEglise. Nous ne parlions pas de religion mais nous avions tous deux la foi. Nous vivions heureux et sans aucune « contrainte » par rapport à notre foi.

En 2005 sans alors que mon époux navait pas le moindre signe de fatigue, on a descellé un cancer du pancréas tout bêtement à loccasion du vaccin anti grippe ! Il a été opéré sous 24 heures, mais le cancer était trop avancé et on ne la pas extirpé, « on laurait tué » ma dit le chirurgien. On a donc recousu, et on lui a donné 2 mois de vie. Je dois préciser que mon époux était un saint homme, et que même pendant notre éloignement de lEglise il vivait « Les Béatitudes », texte de lévangile que jai voulu pour la messe de son départ.

Dès sa maladie nous avons tous deux éprouvé le réel besoin de revenir à lEglise. Par chance mon mari a passé la plus part du temps de son hospitalisation à Jeanne Garnier, un endroit extraordinaire tenu par les Xavières. Monsiegneur Lustiger est DCD 10 jours après mon époux à Jeanne Garnier. Précision : voulant vivre, mon époux croyait que lopération ne pouvait que le guérir !! et alors quen général les médecins sont obligés den informer le malade ils ne lont pas fait, cétait un cas à part « et il fallait le laisser croire »…..et ce à lunanimité de tous les médecins.

Je parle de Jeanne Garnier parce que tout en étant une maison de soins palliatifs, on se croirait en maison de convalescence, ce que mon mari croyait, moi javalais mes larmes dans la joie permanente pour lui faire plaisir, il fallait être gaie avec lui et lui rendre sa courte vie le plus belle possible, et le Seigneur ma accordé cette grâce.

A Jeanne Garnier léquipe de laumônerie est extra-ordinaire, quel accompagnement !!, laumônier idem, lanti chambre du Paradis. Il nous a été très facile de reprendre la pratique religieuse à fond, comme si nous navions jamais été éloignés de lEglise. Nous avons beaucoup prié, nous étions plus unis que jamais, et dans la déchéance de la maladie je lai aimé plus fort que jamais, car il ne laissait voir que la beauté de son âme, sa foi profonde, quil me transmettait, et là a commencé ma conversion.

Les deux mois maxi que la médecine a diagnostiqué après lintervention ont duré presque deux ans au grand étonnement de tout le corps médical. Tous me disaient que son amour pour moi le « tenait en vie » et à un moment donné les médecins mont demandé de lui parler, de lui dire « quil pouvait partir au Ciel » ce que jai fait, il est parti après lavoir « autorisé »……

Depuis 2005 jai repris ma pratique religieuse, ma foi est profonde, mon époux déternité est avec moi, dune autre façon, mais il ne me quitte pas, trop long à raconter les clins d’œil qui donnent la chair de poule. Je crois à la communion des saints de toutes mes forces, et cela me fait avancer.

Lorsque mon époux est parti au Ciel jai voulu faire une retraite chez les Jésuites à Manrèse, lieu extraordinaire, or je nétais pas disponible, envahie par la souffrance jétais ailleurs.Le premier jour jai parlé au Père Kobic donnant la retraite, ancien supérieur de Manrèse, du-miel !! Je lui ai raconté mon malheur et pourquoi jétais venue, mais sans conviction car pas disponible. Le père ma répondu : « Pourquoi chercher parmi les morts celui qui est vivant » ? Cela peut paraîtra banal, mais quel électrochoc !!! Eh, oui, il est vivant !! et je me suis sentie immergée dans cette retraite qui ma fait le plus grand bien. 10 jours avec 19 religieuses, jétais la seule laïque.

Jai vécu ce que jappelle ma période de purgatoire, à Jeanne Garnier jai fait une confession générale, mais comment me souvenir de tous les péchés de tant dannées hors de lEglise ?? Il mest arrivé de douter de la Miséricorde de Dieu, et lors dune de mes confessions rue du Bac jai fait part au prêtre de ma crainte que le Seigneur ne me pardonne pas tout. Encore un électrochoc car il ma répondu : « Si vous doutez de la Miséricorde de Dieu je ne peux pas vous donner labsolution ». Bigre !!! Maintenant je crois que Dieu ma tout pardonné, et je dois lui payer ma dette en AMOUR.

Je prie tous les jours avec «  Prions en Eglise », puis «  lévangile au quotidien dont le commentaire aide beaucoup ». Je lis beaucoup, plus de livres profanes si beaux soient-ils, je nai pas de temps à perdre, sinon tout ce qui peux me rapprocher de Dieu.
Je sais que mon époux déternité y est pour beaucoup dans ma conversion, et que du Ciel il maide à vivre ma foi, car malgré limmense douleur qui perdure malgré le temps, jai faim et soif de Dieu, et mon seul but désormais sur terre est de vivre à fond ma spiritualité, et davancer à tous petits pas vers cette Eternité où je vivrais mes noces éternelles.

Voilà chère Emylia pour aujourdhui, si vous pouvez, si vous voulez maider je suis devenue une éponge pour mimbiber de Dieu.
Merci de mavoir lue jusquau bout !!!
Restons unies dans la communions des saints, et priez pour moi.

Florence.



Petite conclusion pour clore mon témoignage car on oublie toujours quelque chose.
Notre amour pendant les 2 ans de maladie de mon époux d'éternité, ont été les plus merveilleux de toute notre vie de couple, car enrichis par notre vie spirituelle si forte....Nous communions tous les jours ensemble, et ce jusqu'à la veille de son départ chez le Père. Ne pouvant plus avaler, moi j'ai reçu "le corps du Christ" mon époux, avec un compte gouttes, une goutte "du sang du Christ", et ce dans le bonheur car il n'y avait pas de souffrance physique, à Jeanne Garnier on ne souffre pas.
Par ailleurs, l'aumônier voyant notre union spirituelle, nous ne formions qu'un, m'a dit "je vais faire quelque chose que je ne fais que très rarement, vous donner ensemble le sacrement de malades", et nous l'avons reçu ensemble. Je considère une grâce d'avoir tout absolument tout partagé avec mon époux.....Lui était, en toute conscience, mais dans une paix totale, si j'osais je dirais presque bonheur......

Pour tant de grâces, merci Seigneur.

Florence.  






samedi 26 octobre 2013

Confessions



On m’a demandé d’évoquer mon parcours spirituel. Je veux bien me plier à cette demande de dévoiler un peu le mien, bien que je l’aie déjà évoqué à plusieurs reprises sur le blog de Thierry. Quand j’y repense, c’est toujours avec une certaine émotion teintée d’une forme d’auto-compassion pour la personne que j’étais avant tout cela. Aujourd’hui, j’ai bien compris que la mission qui est demandée à tout chrétien est bien le témoignage, selon les capacités de chacun. Ce qui me gêne dans cette confession, c’est la brièveté de l’exercice exigée par le format d’un post sur un blog et car je crains d’être trop schématique.


Mon histoire n’a pas commencé par une nécessité impérieuse de suivre une catéchèse comme pour Thierry, ni celle de faire un pèlerinage sur la route de St Jacques de Compostelle comme pour Jean-Marc Potdevin (livre exceptionnel : « Les mots ne peuvent dire ce que j’ai vu » et qui m’a beaucoup appris sur un type de foi mystique dont j’admet tout à fait la possibilité). Cependant, comme eux, j’ai été prise d’une intuition fulgurante, qu’il y avait une urgence absolue à changer de style de vie. Cela m’a pris à peu près vers la même époque des années 2008-2010, vers à peu près le même âge.

Quand tout a commencé, j’étais déjà véritablement au pied du mur. J’étais en train de lutter pour survivre dans un grand hôpital de la région parisienne (en 2008). Alors que je ne savais pas ce qu’était la spiritualité, que je ne comprenais pas bien ce que signifiait la foi, c’est-à-dire d’être croyant. Un jour j’ai fait à l’hôpital une expérience inouïe « d’humanité » (une sorte de sentiment de compassion universelle), de type mystique. Sur le moment, je n’ai rien compris. Moi qui ne lisais que des livres « utiles » et qui n’écrivais péniblement que des articles ou des rapports « utiles », je me suis mise à lire en série d’autres types de livres et à écrire facilement des textes « inutiles », c’est à dire mes pensées du jour ou mes méditations dans mon journal perso. J’ai commencé à lire Matthieu Ricard (moine bouddhiste français), Etty Hillesum, Christophe André(psy), Luc Ferry(philo), André Comte-Sponville(philo), Pascal, St Augustin, Guy Coq (Philo&Spiritualité chrétienne), Bertrand Vergely (Philo), Maurice Bellet(Philo-Psy-Theo), Christian Bobin (Poète) et bien d’autres,…

Cette succession vertigineuse de lectures diverses semblait entrer dans une cohérence implacable qui me dépassait. J’avais l’impression que ce n’était pas vraiment moi qui établissait le programme de mes lectures. Cependant chaque nouvelle lecture venait exactement en complément ou en réponse à la précédente, comme s’il y avait une pédagogie sous-jacente sur laquelle je n’avais pas de contrôle.

Entre temps, j’étais entrée en rémission, et j’avais relu les évangiles pour essayer d’en comprendre le sens profond. Évidemment j’étais obnubilée par la signification de la guérison par le Christ : « Va, ta foi t’a sauvé ! ». J’éprouvais une grande gratitude à l’égard de toutes les personnes qui m’avaient soutenue et accompagnée sans faillir pendant cette rude épreuve, à commencer par mon mari et mes enfants, mais aussi à l’égard de l’ensemble du personnel médical. Je commençais à entrevoir que le mot « Amour » était porteur d’une puissance considérable qui permet de résister à la mort.

À un certain moment, j’ai du admettre que mon attitude indifférente vis-à-vis de la religion avait changé. Je ressentais la joie intérieure sans pouvoir l’attribuer à une cause particulière, sauf d’être simplement heureuse d’être en vie.  Et il n’y a pas que la joie. Il n’était plus possible de jouer un rôle d’un autre personnage que soi-même. La sincérité s’imposait désormais d’elle même. Il devint plus que jamais insupportable de tolérer que son prochain soit victime  d’injustice et de haine.

Je continuais mon petit bonhomme de chemin de vie, avec les nombreux changements que j’y avais introduits. Puis, un jour de vulnérabilité extrême face à un risque de récidive, j’ai pris l’engagement de retourner à la messe dominicale. J’ai même demandé le sacrement des malades.
Après tout cela, il m’était évident que ma foi était indéniable : attitudes, lectures, écrits,… Le don de la foi m’avait été manifestement donné bien avant que je l’admette et le reconnaisse. Cependant, j’avais accepté de me mettre en chemin d’une quête inconnue, sans poser au préalable la question de la finalité. J’ai fait confiance voilà tout, le reste suivrait.

Ce n’est qu’après toutes ces étapes, que je me suis mise à creuser le sens de la prière. Le blog de Thierry m’a entrainée dans le travail spirituel de la foi et à son approfondissement.
Aujourd’hui, je continue à lire aussi avidement des livres sur la foi (Pierre Varrillon, Maurice Zundel, et bien d’autres,…). J’écris aussi pour mieux comprendre ce que peut me révéler à moi même, ma propre foi, ma relation au christ et à mon prochain.  L’écriture, je ne peux plus m’en passer. Elle est comme un miroir intérieur de l’âme qui révèle à la conscience, sa nature la plus profonde. Non seulement elle est source de révélation, mais elle constitue le cœur de la thérapie pour la guérison spirituelle de l’esprit mais aussi de la chair.

Je participe aussi à la vie de ma paroisse en étant simple membre actif de la modeste chorale locale. Et dans la pratique du quotidien, je m’applique à être vraiment attentive à tous les petits détails insignifiants qui manifestent discrètement la présence du divin dans notre vie. C’est souvent dans ces petits faits d’une vie très ordinaire, sans relief particulier pour le monde, que se cachent les trésors spirituels que je m’empresse de rapporter sur ce blog.

Si je devais résumer ce chemin sous la forme d’une allégorie : Initialement, je me suis mise à gravir péniblement les versants d’une montagne, sans jamais en apercevoir le sommet caché dans les nuages. À un certain moment, je me suis retrouvée sur une sorte de crête cachée dans le brouillard. En poursuivant ma route, j’ai dévalé  l’autre versant, je me suis retrouvée entrainée sans pouvoir freiner, sans pouvoir me retenir, vers ce nuage d’inconnaissance inatteignable dont je ne sais rien mais auquel je fais désormais confiance.




Prochain Post : Samedi 2 Novembre

mercredi 23 octobre 2013

Mesquinerie, cupidité et générosité


Il se produit parfois des coïncidences incroyables que l’on a bien du mal à s’expliquer.

Ainsi l’autre jour, je me rendais à mon travail en RER. J’étais assise à une place quand un mendiant me demande une pièce. Difficile de se défiler quand on se dit chrétien. Aussi, j’attrape mon porte-monnaie dans mon sac. Mes doigts y plongent pour en retirer une pièce que je tends à l’intéressé. Je m’aperçois que la providence m’avait fait saisir une pièce de 50 centimes.
Je ne fais rien de plus. Le quémandeur repart. En moi même, je m’interroge pourquoi n’ai je pas retenu cette personne pour compléter cette aumône si mesquine, même si je n’avais fait aucun calcul. Ce complément ne m’aurait pas ruinée.

En revenant du travail ce soir même, alors que j’attendais à un passage pour piétons que le feu tricolore passe au rouge, j’entends bip…bip derrière moi. Je me retourne. Je vois un distributeur de billets présentant un gros paquet de billets. Personne devant.
Instinctivement, je fais un pas vif et je tends le bras pour saisir les billets (je vois aussi 3 gamins aussi étonnés que moi arriver à toute vitesse). Soudain, le distributeur avale rapidement les billets.  Heureusement que je n’ai pas eu le temps de les attraper. Qu’en aurais-je fait ? Ils ne sont pas à moi ! Ce serait du vol ! Je me serais questionnée toute la soirée. Est-ce que je les rapporte à la banque le lendemain ? Est-ce que je les dépose à la police ? Est-ce que je les donne à un pauvre ? Est-ce que je les donne à la quête de la messe ? Est-ce que je les garde ?
De toute façon, j’ai certainement été filmée,… donc ce ne serait pas malin de ne pas les rendre.
Mais j’y pense ! Et si une personne m’avait tendu ces billets, je ne les aurais jamais acceptés. Méfiance naturelle : ne jamais prendre de l’argent tant qu’on ne sait pas pourquoi on les reçoit. Alors pourquoi vouloir les saisir quand c’est une machine qui les donne ?

Arrivée chez moi, mon plus jeune fils, douze ans, me supplie d‘acheter un jeux vidéo pour l’anniversaire de son meilleur copain. Lui, mon fils qui reçoit très peu d’argent de poche me tend 20 euros pour sa participation. J’admire en lui sa générosité naturelle. Pour lui les relations avec ses amis, avec autrui, et même des inconnus lui importent bien plus que ses possessions. Quelle leçon incroyable de magnanimité délivrée par son propre enfant. Quelle chance d’être la mère de celui par lequel Jésus ou Dieu s’est exprimé.


prochain Post : Samedi 26 octobre.